dimanche 3 mai 2015

Blackthorn Creek, de Stéphane Audrand Critique d'Aelynah

Blackthorn Creek, de Stéphane Audrand


Me revoici avec les Editions l'Ivre-Book et leurs nouvelles aux côtés lovecraftiens. Pour moi qui n'ai jamais lu ce grand auteur de fiction c'est toujours une découverte, rarement mauvaise, pas toujours enthousiaste mais assurément surprenante.
Le lecteur suit ici un jeune clerc de notaire, Mr Wilmarth, imbu de sa supériorité de gentleman urbain et éduqué, il se retrouve envoyé en mission dans cette campagne qu'il abhorre.
Pour lui, le folklore, les créatures fantastiques ou les malédictions ne sont que sornettes méprisables et irrationnelles de paysans bornés et ignares. Il représente l'homme moderne, rationnel et pétri de préjugés.
Ici les légendes et mythes locaux semblent le poursuivre au travers de cet homme dans le train tout d'abord, qui a profité d'un trajet long et laborieux pour lui raconter par le menu le folklore local, puis par la découverte comme livre de chevet, à son hôtel, d'un recueil des légendes et folklores de Nouvelle Angleterre. 
Ses préjugés n'en sont alors que plus renforcés à l'encontre des habitants de ce trou perdu enclins à se bercer d'irrationnel et de fantastique.
C'est un personnage qui nous interpelle par ce côté apprêté et fier. Trop sûr de lui de prime abord il est cependant touché dans son inconscient (cauchemars …) par les événements, l'ambiance même de cette campagne et de ses mythes.
La suite de son trajet va être remplie de surprises, de questions aussi, tout comme son arrivée chez le client de son cabinet d'avocat. 
La demeure n'est pas telle qu'il aurait pu s'y attendre d'un client de ses patrons et ce qu'il va découvrir sur place va continuer à le troubler.
Car la mission que va lui confier Stewart Crutcher est tout sauf habituelle pour un clerc de notaire plutôt « rond-de-papier ». Et la promesse qu'il tire de notre jeune héros de la mener à bien au péril de sa vie laisse à présager de nombreux dangers. Va-t-il ainsi se retrouver au bord de l'abîme? Ou s'en sortira-t-il?

Comme dans chacune des nouvelles lovecraftiennes lues grâce aux éditions l'Ivre-Book, j'ai constaté une propension à la montée en puissance du stress par petite touches. Tout d'abord la mise en situation avec la présentation au lecteur du héros de façon à le trouver sympathique, en général en tout cas. Puis vient l'ambiance générale avec ici l'hiver, la neige qui tombe drue et cette bise glaciale qui vous donne des frissons même habillé chaudement.
Rajoutez-y des secrets, des morts et des messes basses qui peuvent être autant prises pour des menaces que pour des conversations incomplètes et vous vous trouvez ainsi plongé dans l'histoire.
Stephane Audrand n'a pas démérité dans toutes ces bases et lorsque l'action se met en branle le lecteur est déjà frissonnant, autant du froid glacial de la météo que de ce suspens qui telle une épée de Damoclès pèse au dessus du héros.
Il a su nous mettre dans l'ambiance petit à petit de façon exponentielle jusqu'à atteindre le paroxysme de l'horreur avec à clé : meurtres, monstres et malédictions.
Il a aussi su nous plonger dans la perplexité, car tout comme notre héros, nous finissons par ne plus savoir où est le bon et le mauvais. 
Tout peut dépendre d'une interprétation et l'auteur sait tout du long nous mener par le bout du nez pour nous perdre en conjectures.
Et lorsque nous nous retrouvons face à la vérité, cette vérité qui n'est que folie alors une seule chose nous reste en tête. Lequel est le plus fou? Le fou qui se veut sain d'esprit ou le sain d'esprit qui se croit fou? Qu'est ce que la folie si ce n'est une incompréhension et le rejet de ce qui n'est pas sain d'esprit?
Je vous ai perdu? Alors lisez cette nouvelle et peut être aurez-vous votre réponse?
En tout cas l'auteur a su trouver une chute mémorable et une fin tout sauf basique à cette histoire somme toute peu conventionnelle.

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