lundi 4 mai 2015

REFRAIN CRIMINEL, de Romain BESSE Critique de Petiteherissonne

REFRAIN CRIMINEL, de Romain BESSE


Voici un petit roman bien sympathique, qui malgré quelques petits défauts, nous maintient en haleine tout au long de l’histoire.
Dès le prologue, nous assistons à la naissance d’un tueur sur l’île de la Petite France ; prologue qui éveille rapidement notre curiosité en nous fournissant juste assez d’informations pour nous donner l’envie de poursuivre notre lecture. Dès ce prologue, le tueur s’engage face à lui-même :
« Oui, ici sur l’île de la Petite France, dans une année, deux au plus, je tuerai… »
Nous suivons ensuite Charles Bossu, un détective privé bien à part, mais néanmoins plutôt crédible dans son rôle d’enquêteur. Celui-ci nous est décrit comme un homme qui n’a qu’une seule raison d’être : celle d’œuvrer au quotidien afin d’arrêter les criminels. Charles Bossu est un personnage capable de se mettre lui-même dans de drôles de situations, manifestant sa nervosité en triturant ses boutons de chemise à longueur de temps, mais néanmoins très malin, capable de piéger ses suspects et de faire les liens rapidement entre les différentes informations qu’il collecte. 
«— Vous aimez les livres n’est-ce pas ?
— Oui, on peut dire que c’est tout mon univers.
— Je peux vous demander quelle sorte de lectures vous aimez ?
— J’aime beaucoup les livres de science-fiction ou alors d’aventures, comme Vingt mille lieues sous les mers par exemple.
— De Jules Verne ?
— Oui, voilà.
Charles Bossu ferma les yeux.
— Attendez que je me concentre, dit-il. Les aventures d’Ismaël et du capitaine Achab n’est-ce pas ?
Il rouvrit les yeux et afficha un sourire satisfait.
— Je vois que vous l’avez lu vous aussi, dit Jean en souriant.
— En effet. 


— Pourquoi vous êtes-vous mis à lui parler littérature ? demanda le commissaire une fois qu’ils eurent quitté la bibliothèque.
— C’est bien simple, je voulais vérifier son amour pour les livres.
— Et alors ?
— Et alors j’ai été surpris qu’il attribue au livre Vingt mille lieues sous les mers des personnages intervenant dans l’histoire de Moby Dick.»

Ce charmant détective se rend donc sur l’île de la Petite France suite à une lettre anonyme lui demandant de l’aide et d’élucider ce qu’il s’est passé sur cette terre il y a huit ans, tout en se posant déjà de nombreuses questions sur ce qui l’attend là-bas.
« La difficulté avec les anonymes, c’est de savoir s’il s’agit de déséquilibrés qui s’imaginent des choses ou bien d’êtres sains d’esprit qui ont des pressentiments clairvoyants sur l’avenir. »
Nous voilà donc avec plusieurs mystères dès les premières pages. Quelle est la véracité de cette lettre ? Quel est le lien entre cette lettre anonyme et le crime précédent ?
Au fil des pages, nous comprenons rapidement que le passé continue d’avoir un impact sur un présent où les crimes s’enchaînent. Nous faisons également la connaissance de plusieurs habitants de cette île, qui vont finalement se retrouver victimes ou suspects. Nous retrouvons, entre autres, Fanny, Lucie, David, Maxime, Christophe, Jean et Mathieu, de jeunes gens ayant chacun une personnalité bien particulière et parfois un peu étrange, faisant finalement planer le doute sur ce qu’il se passe réellement sur cette petite île de l’Atlantique.
J’ai beaucoup aimé l’écriture simple et rapide qui nous permet de participer aux différents interrogatoires ainsi qu’à l’enquête, notamment en suivant les conversations entre ce détective plutôt futé et le commissaire venu de Paris, un peu perdu face à cette enquête. 

« — Alors commissaire, êtes-vous satisfait des nombreux éléments que notre petite enquête d’aujourd’hui nous a apportés ? demanda le détective.
— Eh bien, en quelque sorte.
— Comment ? Vous n’êtes pas pleinement satisfait ?
— C’est-à-dire que, j’ai encore beaucoup de mal à y voir clair.
— Bien sûr, le mobile de ces meurtres reste pour le moins obscur, mais vous conviendrez que les dernières heures nous ont appris pas mal de choses.
Le commissaire hocha la tête d’un air approbateur. »

En effet, au fil des pages, les deux enquêteurs font le point sur les informations qu’ils viennent d’obtenir tout en faisant des liens avec les données préalablement recueillies. Cela nous permet de savoir à quel niveau en est l’enquête, quels pourraient être le ou les suspects et de nous faire notre propre idée sur le déroulement des choses. Cependant, les réponses des suspects ainsi que le mystère que laisse planer Charles Bossu sur ce qu’il pense parfois, permettent d’entretenir le suspense et de nous encourager à poursuivre la lecture afin d’avoir davantage d’informations pour confirmer ou infirmer notre propre théorie ainsi que pour connaître le fin mot de cette enquête. 

Concernant les quelques défauts, j’ai été un peu dérangée par les pensées des personnages un peu trop directes parfois. Celles-ci ne semblent pas réalistes, et nous nous rendons un peu trop compte qu’elles sont présentes principalement pour apporter des informations au lecteur. Je les aurais aimées un peu plus suggérées. En effet, je n’ai pas trouvé cela très crédible qu’un personnage se parle à lui-même pour s’auto-informer de ce qu’il avait à faire sur le moment présent ou qu’il se raconte les faits de manière aussi précise en pensée. 
« Ce n’est pas tout ça, mais j’ai de l’argent à détourner.
Je devrais bientôt avoir fini. Une fois encore David n’y verra que du feu et je vais m’en mettre plein les poches ! Et quand bien même il soupçonnerait quelque chose il ne trouvera aucune preuve que je détourne les fonds du magasin, les comptes auront l’air parfaitement en règle aux yeux de n’importe quel financier. David est un imbécile et Christophe … ». 
J’aurais préféré que certains détails soient racontés plutôt que balancer directement, comme dans certaines conversations par exemple où les deux protagonistes se répètent une vérité qu’ils semblent connaître tous les deux et qui ne leur apporte donc rien de plus, si ce n’est des informations au lecteur.
« — Vous avez raison, fouiller le magasin de disques de Lenoir, Langeais et Morel et trouver le petit laboratoire qu’ils utilisaient pour fabriquer la cocaïne nous a permis de savoir qu’il y a bel et bien un trafic de drogue de cette île vers le continent.
— Et prendre contact avec vos collègues des stupéfiants a aussi servi à quelque chose, ils nous ont appris qu’ils avaient un suspect concernant la personne qui réceptionne la cocaïne des mains du passeur de drogue et qui lui fait ensuite traverser l’Atlantique pour rejoindre les côtes française. »

De plus, ce roman contient quelques éléments improbables comme les pressentiments du détective qui tombent toujours justes ou les nombreuses informations sur l’enquête que celui-ci donne aux suspects lors de leurs interrogatoires, quelques fautes d’orthographe, quelques répétitions et une petite incohérence lorsque face à une personne inconsciente le détective envoie un brigadier appeler les secours alors qu’il sort un téléphone portable de sa poche … Mais ces petits bémols ne gâchent rien au plaisir de lecture et ne dérangeront pas forcément d’autres lecteurs.
Ce roman reste donc très plaisant, il nous promet une lecture légère et agréable en nous donnant toujours l’envie de tourner les pages pour enfin connaître la vérité sur l’enquête que nous menons en parallèle. La fin n’est pas forcément celle à laquelle je m’attendais, mais malgré son côté Monk ou Hercule Poirot, elle termine ce roman d’une façon plutôt intéressante bien qu’imprévisible. 
Je remercie donc le forum Au cœur de l’Imaginarium et les Editions du Chemin vert pour cette découverte.

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